Jean-David JUMEAU-LAFOND
CARLOS SCHWABE (1866-1926), SA VIE ET SON ŒUVRE ET L'ART SYMBOLISTE

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Carlos Schwabe – Ange d’espérance, 1895, aquarelle sur papier, 18 x 23 cm, collection privée © ill. de l’expert, Jean-David Jumeau-Lafond, Paris

L’origine d’une passion :

Jean-David Jumeau-Lafond est l’arrière-petit-fils du peintre et illustrateur symboliste suisse Carlos Schwabe, par sa mère Jacqueline Jumeau-Lafond (1923-2014), fille d’Odette Vary-Schwabe (1893-1980), second des six enfants de l’artiste. Il a ainsi bénéficié dès l’enfance de la « présence » de Schwabe et de la connaissance de l’époque symboliste grâce à une mémoire familiale très vive. Aucun travail n’étant alors disponible sur ce peintre, il a entamé des recherches à l’âge de dix-sept ans en se rendant dans les réserves du Musée d’Art et d’Histoire de Genève : y était remisée la plupart des œuvres issues de l’atelier de Schwabe, donné par sa famille après sa mort à la ville dont il était citoyen depuis 1888. La vision de chefs-d’œuvres tels que La Vague et La Douleur, alors négligemment entreposés dans une cave, fut le choc générateur de ce qui devint une passion pour l’artiste et pour son temps.

L’artiste :

Carlos Schwabe, né à Altona (Hambourg) a quitté l’Allemagne pour Genève avec sa famille vers 1870 et est devenu citoyen helvétique. Après ses études aux Arts industriels de Genève, il a passé la plus grande partie de sa vie en France, à Paris et à Barbizon. Intimement lié aux cénacles idéalistes de la fin du siècle (peintres, philosophes, musiciens), il est devenu l’un des plus importants illustrateurs symbolistes (Baudelaire, Samain, Haraucourt, Mallarmé, Maeterlinck et Le Rêve de Zola, resté incompris de l’auteur…) tout en réalisant de grands dessins aquarellés où se mêlent une quête spirituelle caractéristique de la fin de siècle et une expérimentation graphique dont l’acuité et le caractère « primitif » rappellent alors aux critiques l’art de Dürer ou de Mantegna. Sa Mort du fossoyeur (Paris, musée d’Orsay), sa Vierge aux lys (Amsterdam, Van Gogh museum) et son Spleen et idéal (Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts)  comptent parmi les images emblématiques du mouvement symboliste.  Sa conception de l’art reflète les préoccupations d’une génération troublée par le matérialisme triomphant : l’art doit défendre un idéal. Schwabe est également lié aux milieux de l’utopie sociale ; proche des fondateurs des Universités populaires et de la Ligue des Droits de l’Homme, il manifeste dans ses dessins le devoir moral de l’artiste face au monde. Tout en poursuivant dans une voie parfois moins symboliste et plus charnelle après le passage du siècle, il réalise aussi des portraits et des paysages. Les dernières décennies de sa vie sont pourtant jalonnées d’œuvres encore marquées par un idéalisme visionnaire : La Vague et ses études aux trois crayons, les deux versions du Faune, Homère ou encore ses femmes mélancoliques porteuses de lyres. À une technique perfectionniste quoique très personnelle et éloignée de tout académisme, Schwabe joint jusqu’à la fin de sa vie un regard spirituel et une vision au-delà du réel.

Études, expertise et domaine de compétence :

Suite logique et fil conducteur de son intérêt pour son bisaïeul, Jean-David Jumeau-Lafond a poursuivi ses études d’histoire de l’art au sein de l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne. C’est à l’issue de près de dix-huit ans de recherches qu’il a soutenu en 1994 sa thèse de doctorat : Carlos Schwabe, peintre symboliste, essai et catalogue raisonné de l’œuvre. Cette thèse, qui a obtenu la mention très honorable et les félicitations du jury, a été présentée à l’Université de Clermont-Ferrand II afin de bénéficier de la direction du professeur Jean-Paul Bouillon, l’un des plus éminents spécialistes de la période. Publié aux éditions ACR l’année même de sa soutenance, le livre issu de ce travail demeure l’ouvrage de référence sur le sujet : Carlos Schwabe, symboliste et visionnaire. Depuis cette date, Jean-David Jumeau-Lafond a néanmoins publié divers articles et études complémentaires sur l’artiste à la suite de nouvelles réflexions et découvertes, enrichissant sans cesse le catalogue raisonné de l’oeuvre. Son expertise concernant les œuvres de Schwabe, leur technique, leur iconographie très personnelle et la complexité de leur signature, variable au fil de la vie du peintre,  bénéficie donc de plus de quarante ans d’expérience. Elle s’ajoute au droit moral détenu en tant que descendant du peintre.

Tout en poursuivant ces travaux et l’actualisation de la connaissance sur l’artiste suisse, Jean-David Jumeau-Lafond a souhaité rapidement élargir sa recherche à l’ensemble du  contexte idéaliste de la fin du XIXe siècle et aux manifestations du mouvement symboliste, y compris les relations entre les arts, la poésie et la musique, le spiritualisme et les Salons de la Rose+Croix. Il a ainsi publié une centaine d’articles scientifiques, participé à plusieurs dizaines de catalogues d’expositions à travers le monde (New York, Londres, Ottawa, Tokyo, Budapest, Madrid, Mexico, Genève etc.) et assuré plusieurs commissariats d’expositions, auxquels il faut ajouter diverses anthologies littéraires dévolues à la « fin de siècle » et de nombreuses contributions critiques au sein de La Tribune de l’art. Il siège régulièrement dans des jurys de doctorat comme spécialiste invité. La liste intégrale de ses travaux est consultable en ligne sur son site bibliographique. On peut toutefois citer Les Peintres de l’âme, le symbolisme idéaliste en France, disponible en six langues et accompagnant une exposition présentée sous différentes formes dans neuf pays et treize musées de 1999 à 2007, et Alexandre Séon, la beauté idéale, première monographie consacrée à cet élève de Puvis de Chavannes et accompagnant l’exposition organisée aux Musée des Beaux-Arts de Quimper et au Musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne en 2015.

Bibliophile et collectionneur, Jean-David Jumeau-Lafond est très attaché à l’objet autant qu’au contexte culturel ; il ne sépare jamais le travail documentaire du contact avec les œuvres, ni l’approche savante de la perception sensible et de la connaissance de l’époque sans lesquelles on ne peut prétendre appréhender et comprendre le processus créatif de l’artiste.

Membre de la Société des Gens de Lettres, de la Société de l’Histoire de l’art français et du Syndicat de la presse artistique française,  il a été nommé Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres en 1996.

Bibliographie

Bibliographie complète de l’expert consultable sur son site : www.jeandavidjumeaulafond.com

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Jean-David JUMEAU-LAFOND

159 rue Scheffer
75016 Paris

+33 (0)6 09 67 67 74

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