“Muses de Montparnasse” est un projet du Musée Pouchkine invitant Sylvie Buisson à y piloter en qualité de co-commissaire avec Alexey Pethukov, conservateur en chef des peintures modernes au Musée Pouchkine une grande exposition d’été consacrée aux femmes totems des avant-gardes du XX ème siècle.
Ce sont 221 oeuvres qui proviennent de collections publiques et de collections privées françaises et russes, rassemblées pour la France par Sylvie Buisson, ancienne conservatrice du Musée du Montparnasse et auteur de l’ouvrage “Femmes artistes”, Gallimard-Alternatives, Paris 2012, assistée par Irina Lebelle, et pour la Russie par Alexey Pethukov, conservateur du département Art Moderne du Musée Pouchkine, et sa directrice Marina Loshak.
Les sculptures, peintures, dessins et photographies de 50 artistes évoquent les heures de gloire du quartier d’artistes de Paris le plus accueillant et cosmopolite du monde entier : Montparnasse au début du 20 ème siècle.
Hommes et femmes s’y étaient installés en provenance de tous les pays du globe pour y faire leurs armes sur les traces de Rodin, de Manet et des grand référants du Louvre, se retrouvant aux terrasses des cafés, dans les bals et dans leurs ateliers pour débattre de leurs rêves et de leurs ambitions, et s’entraider à sortir de la misère qui les guettait. Vivant en commun, connus et méconnus, ils et elles furent les acteurs de la grande aventure des avant-gardes du 20 ème siècle.
Au centre de toute cette effervescence, les femmes jouèrent un rôle déterminant. Muses, elles le sont par essence, en plus de leur métier d’artiste, lorsqu’elles déploient le charme et l’intelligence qui les caractérisent dans l’entourage de Rodin, Bourdelle, Picasso, Modigliani, Foujita, Kisling, Kees Van Dongen, Man Ray, André Breton, entre autres artistes…
Elles se nomment Camille Claudel, Chana Orloff, Marie Vassilieff, Jeanne Hébuterne, Marie Vorobieff-Marevna, Kiki de Montparnasse, Mela Muter, Jacqueline Marval, Marie Laurencin, Youki, Dora Maar, Maria Elena Vieira, Sonia Delaunay, Tamara de Lempicka, María Blanchard, Romaine Brooks, Viera da Silva, Valentine Gross-Hugo, Claude Cahun, Leonora
Carrington… entourées de Rodin, Pablo Picasso, Moïse Kisling, Kees van Dongen, Foujita, Man Ray…
Rares sont celles dont la vie ne fut pas tragique, éprouvée par des rencontres si passionnées, si passionnelles et si périlleuses que la plupart eurent les pires difficultés à contourner les obstacles d’une société endiguée dans les conventions bourgeoises du 19ème siècle. Leurs autoportraits sont autant de manifestations et de revendications de leur existence en tant qu’artistes.
Muses et artistes, muses ou artistes, muses, artistes, les historiens et les critiques d’art les reconnurent. Leurs partenaires masculins en bénéficièrent.
Les visiteurs de cette exposition seront étonnées par la grandeur des oeuvres de ces femmes visionnaires. Et leur pouvoir d’attraction.
Nous nous réjouissons que l’affiche et le catalogue rendent un hommage appuyé à une artiste française relativement méconnue du grand public, mais appréciée par son avant-gardisme et sa fougue picturale déjà en son temps et par les amateurs éclairés – une femme combattante, à la modernité et au parcours exemplaire : Jacqueline Marval. Débarquée en 1895 de sa Chartreuse natale à Montparnasse 9 rue Campagne-première, son talent et son audace sans borne lui attachèrent l’amitié et le respect des plus grands, Matisse, Van Dongen, Marquet, Picasso, Manguin et Camoin, entres autres.
L’exposition ouvrira ses portes au public le 13 juillet.
Outre Sylvie Buisson, commissaire, ont participé à ce projet Ariane Tamir et Éric Justman pour l’oeuvre de Chana Orloff, Jacques Boutersky pour Kiki de Montparnasse et Raphaël Roux dit Buisson, pour l’oeuvre de Jacqueline Marval.
Nous espérons tous que la Russie sorte rapidement de la zone rouge qui la coupe du monde, et que nous puissions parcourir comme il se doit la belle exposition avant sa fermeture le 3 octobre.