Ce sont les 20 années d’amitié entre le peintre Jean Puy et Ambroise Vollardl’un des plus grands marchands d’art parisiens du début du XXe siècle – qui sont retracées au Musée de Pont-Aven jusqu’en janvier 2022, au travers d’une soixantaine d’œuvres ayant appartenu à ce dernier.

Jean PUY (1876-1960), Autoportrait© Musée Joseph Déchelette, Roanne

Jean PUY (1876-1960), Autoportrait – circa 1908 © Musée Joseph Déchelette, Roanne

Un demi-siècle après la mort de Jean Puy, l’exposition présentée de juin 2021 à janvier 2022 au musée de Pont-Aven – après le musée Joseph-Déchelette de Roanne – braque le projecteur sur une période-clé de sa carrière : la relation de vingt ans (1905-1926) avec l’un des acteurs majeurs de la peinture moderne, le marchand Ambroise Vollard.

De ce dernier, on connaît le rôle joué pour Gauguin, Van Gogh, Cézanne, Matisse et le jeune Picasso. La relation avec Puy, souvent évoquée mais mal connue, fait dans cette exposition l’objet d’une attention particulière.

Entre eux, les échanges furent multiples, avant même le “contrat tacite” qui les lia après le Salon d’automne de 1905 où furent révélés les Fauves. C’est en 1900, à la galerie Vollard, que Puy, accompagné de Matisse, découvre Cézanne et la leçon qu’il peut en tirer. Ubu à la guerre – illustré par Puy entre 1919 et 1921, écrit et publié par Vollard – s’est nourri des récits que le peintre fit au marchand dans leur correspondance durant la Grande Guerre. Vollard ouvre ainsi au peintre de nouveaux horizons en l’associant à l’une de ses passions : l’édition d’art. Il fit de même en le mettant en relation – comme ce fut le cas pour Derain, Vlaminck, Matisse, Rouault…– avec le céramiste Metthey

Depuis le début du XXIe siècle, le travail de réexamen, d’analyse et de mise en perspective de l’œuvre de Jean Puy s’est accéléré. Après l’édition d’une forte monographie (2000), du Catalogue raisonné de l’œuvre peint (2001) et la création d’un site web dédié, après la rétrospective du musée Marmottan Monet (2004–2005), des expositions importantes comme “Les Fauves et la critique” (Turin, Lodève, 1999), “Jean Puy, une amitié artistique : Matisse, Marquet, Manguin, Camoin”  (Villefranche-sur-Saône, 2007), “Jean Puy et la Méditerranée” (Saint-Tropez, Roanne, 2009–2010), “Jean Puy, plénitude d’un Fauve” (Montbéliard, 2016), “Jean Puy / Ambroise Vollard. Un Fauve et son marchand” signe une nouvelle avancée.

La vision d’une œuvre faite de constantes et, jusqu’à la fin, de recherches s’élargit. Des lignes directrices dont la conjonction peut parfois surprendre, se révèlent. Thèmes, décors et personnage récurrents balisent ce parcours : la mystérieuse femme peintre et son modèle féminin, le théâtre silencieux de l’atelier, la poupée pensive, les erotica tour à tour sensuelles et grivoises …

Nul doute que l’exposition “Un Fauve et son marchand” ne fasse progresser dans l’appréhension d’une œuvre dont Apollinaire disait : « La peinture de Puy est sans tristesse et tout imprégnée d’une grâce spirituelle et voluptueuse. »

« Il s’y mêle, écrivait en 1920 son frère, le critique d’art Michel Puy, une part de fantaisie presque délirante, que Jean Puy s’exerce à dominer mais qui est bien dans son tempérament. »

 

Hervé Labrid, expert de Jean Puy.

 

Jean Puy/Ambroise Vollard, un fauve et son marchandcommissariat : Claude Allemand, conservateur général honoraire du patrimoine et Eric Moinet, conservateur général du patrimoine, du 26 juin 2021 au 2 janvier 2022, au Musée de Pont-Aven, Place Julia. tél. 02 98 06 14 43.